C’est le premier point : être humbles, se reconnaître comme ses fils, reposer dans le Père, avoir confiance en Lui. Pour entrer dans le Royaume des cieux il est nécessaire de devenir petits comme des enfants. A savoir que les enfants savent avoir confiance, ils savent que quelqu’un se préoccupera pour eux, de ce qu’ils mangeront, de comment ils s’habilleront et ainsi de suite (cf. Mt 6, 25-32). C’est la première attitude : confiance et confidence, comme un enfant à l’égard de ses parents; savoir que Dieu se rappelle de toi, prend soin de toi, de toi, de moi, de tous.
La deuxième prédisposition, elle aussi propre aux enfants, est de se laisser surprendre. L’enfant pose toujours mille questions parce qu’il désire découvrir le monde ; et il s’émerveille même de petites choses, car tout est nouveau pour lui. Pour entrer dans le Royaume des cieux il faut se laisser émerveiller. Dans notre relation avec le Seigneur, dans la prière — je pose la question — nous laissons-nous émerveiller ou pensons-nous que la prière signifie parler à Dieu comme le font les perroquets ? Non, c’est avoir confiance et ouvrir son cœur pour se laisser émerveiller. Nous laissons-nous surprendre par Dieu qui est toujours le Dieu des surprises ? Car la rencontre avec le Seigneur est toujours une rencontre vivante, ce n’est pas une rencontre de musée. C’est une rencontre vivante et nous allons à la Messe, pas au musée. Nous allons à une rencontre vivante avec le Seigneur.
Dans l’Évangile on parle d’un certain Nicodème (Jn 3, 1-21), un homme âgé, qui faisait autorité en Israël, qui se rend auprès de Jésus pour le connaître ; et le Seigneur lui parle de la nécessité de «renaître d’en haut» (cf. v. 3). Mais qu’est-ce que cela signifie ? Peut-on «renaître» ? Est-il possible de recommencer à éprouver du goût, de la joie, de l’émerveillement pour la vie, même devant les si nombreuses tragédies ? Il s’agit d’une question fondamentale de notre foi et cela est le désir de tout véritable croyant: le désir de renaître, la joie de recommencer. Eprouvons-nous ce désir ? Chacun de nous a-t-il envie de toujours renaître pour rencontrer le Seigneur ? Eprouvez-vous ce désir en vous ? En effet, on peut facilement le perdre, car à cause de tant d’activités, de nombreux projets à mettre en œuvre, il reste à la fin peu de temps et nous perdons de vue ce qui est fondamental: la vie de notre cœur, notre vie spirituelle, notre vie qui est une rencontre avec le Seigneur dans la prière.
En vérité, le Seigneur nous surprend en nous montrant qu’Il nous aime également dans nos faiblesses. Jésus Christ «est victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier» (1 Jn 2, 2). Ce don, source de véritable consolation — mais le Seigneur nous pardonne toujours, cela console, c’est une véritable consolation — est un don qui nous est donné à travers l’Eucharistie, ce banquet nuptial au cours duquel l’Epoux rencontre notre fragilité. Est-ce que je peux dire que lorsque je fais la communion pendant la Messe, le Seigneur rencontre ma fragilité ? Oui ! Nous pouvons le dire parce que c’est vrai ! Le Seigneur rencontre notre fragilité pour nous reconduire à notre premier appel : celui d’être à l’image et à la ressemblance de Dieu. Tel est le cadre de l’Eucharistie, telle est la prière.