A tous les catholiques de la zone Haguenau.
A toutes les femmes et les hommes de bonne volonté au service du bien de tous.
Quelle énergie j’ai pu sentir tout au long de mes chemins sur vos terres qui courent des Vosges au Rhin !
J’ai vu votre houblon en rang serré s’élever à toute vitesse vers le ciel.
C’était l’image puissante qui traduisaient le dynamisme de vos communautés.
Que Dieu vous bénisse pour vos actions magnifiquement solidaires et pour votre accueil pendant ces quatre jours !
Si nous manquons souvent à Dieu en ne lisant pas dans nos vies et dans celles des autres les merveilles qu’Il y déploie, c’est que nous n’ouvrons pas assez les yeux du cœur.
Nous avons ouvert les yeux du corps sur le monde au jour de notre naissance.
Chez vous comme dans toute l’Alsace, nous avons la chance de goûter des coins merveilleux à nos sens, d’authentiques tableaux de Maître faits pour être accrochés dans les vastes salles de notre mémoire. Au choix : montagnes, forêts, cités ou circonvolutions des eaux sont voisins de nos cités.
Mais, en mûrissant, nous avons aussi à ouvrir les yeux du cœur pour saisir les forces invisibles dont ce monde visible est traversé.
Le poète écrivait que
« l’essentiel est invisible pour les yeux » (Le petit Prince).
On peut ajouter que l’Invisible est l’essentiel pour le cœur. L’amour est invisible pour les yeux et essentiel. Dieu est essentiel pour le cœur et invisible. Bonnes et mauvaises, des énergies spirituelles nous empoignent au cœur de ce monde. Les plus dangereuses nous aspirent au mal. Mais la plus grande s’appelle l’Amour du Père. Elle nous entraîne très haut jusqu’à l’amour parfait du frère.
Vivons pleinement ce monde avec sa face visible et sa face invisible. Nous rejoindrons ainsi les anciens qui nous ont précédés.
Quel qu’en soit l’exactitude historique, la tradition du chêne de saint Arbogast nous émeut encore : au milieu et aux pourtours de l’immense forêt de Haguenau, des ermites pénétraient dans ces champs de forces invisibles. Ils habitaient le monde mieux que nous qui sommes trop occupés pour prendre le temps de l’invisible par une vie intérieure paisible. Or cette vie spirituelle nous fait partager la joie intangible du Christ, selon sa promesse (Jn 17, 13). Répandre la bonne nouvelle, c’est avant tout partager son effet premier, la joie. Qui ne sème pas de joie, peut-il annoncer une bonne nouvelle ? Si, en nous, il n’y a pas l’effet principal de l’Évangile, la joie, comment le monde pourrait‐il croire que la cause, Jésus Christ, vaut quelque chose ? Sentons‐nous avant tout semeur de joie. Si nous ne pouvons pas résoudre tous les problèmes sociaux, familiaux, spirituels, nous pouvons répandre l’onction de la joie sur toutes ces douleurs.
Au moment où nous rejoignent des hommes et des femmes issus de tous les continents, de toutes les religions, la vigueur de notre spiritualité ouvrira les tombeaux de nos égoïsmes.
+ Luc Ravel