Cette douleur se fait encore ressentir dans le monde occidental à cause de l’effondrement institutionnel des structures paroissiales de nombreux diocèses.
Les fermetures de paroisses, les fusions, les jumelages et les regroupements se multiplient.
De mes quatorze années de prêtrise, j’en ai consacré onze à fusionner des paroisses, et parfois à régler l’effondrement complet de notre infrastructure.
On peut toujours justifier ces changements.
Ils ont lieu pour le bien de l’Église, administrativement et financièrement. Ils nous aident à faire face à la pénurie de prêtres, ou dans le meilleur des cas, à soutenir l’infrastructure de l’Église pour sa mission.
Cependant, peu importe le motif de ces actions, et peu importe leur type et leur forme, elles restent douloureuses.
L’Église est véritablement composée de personnes et non de bâtiments (il s’agit de pierres vivantes, non de briques et de mortier), mais c’est douloureux, car cela nous rappelle le déclin institutionnel auquel nous devons faire face.
Nous savons qu’il y a des motifs légitimes à ces changements et qu’ils représentent la meilleure chose à faire dans la situation actuelle. Néanmoins toutes ces considérations n’ôteront pas la profonde conviction que la fermeture d’une Église est toujours « tragique » et qu’il s’agit finalement, d’une conséquence de la mauvaise santé de l’Église et de son manque de développement.
Cette prise de conscience est également douloureuse.
C’est, selon moi la douleur la plus profonde que les fidèles ressentent lorsqu’ils perdent leur identité dans la fusion ou la fermeture de leur paroisse.
Cette douleur plus profonde est plus grande que la douleur immédiate de quitter un établissement qui a marqué et formé leur vie, et plus grande aussi que la douleur de perdre leur stabilité et leurs habitudes en changeant pour quelque chose de nouveau, d’inconnu voire même d’étranger.
« Mes yeux sont usés par les larmes, mes entrailles frémissent ; je vomis par terre ma bile face au malheur de la fille de mon peuple (Lm 2,11)
Père James Mallon, Manuel de survie pour les paroisses Ed. Artège, Paris 2015, Pages 58 à 59